lundi 14 octobre 2013

Chargez ! ou comment éviter de se prendre pour la cavalerie

Vous êtes nombreux à m'avoir demandé d'aborder le sujet suivant, qui sera le premier des sujets "montés".
Il s'agit du problème du contrôle des allures, seul ou en groupe, et du fait que les trotteurs peuvent "embarquer", au trot ou plus souvent au galop.

Je le dis tout de suite : je n'ai jamais vécu ce genre de situations, et je ne dispose donc pas de solution "clé en main" à vous apporter, ni de remède miracle.
Mais face à plusieurs demandes similaires, je me suis dit que c'était un sujet important, et qu'il méritait réflexion.

C'est donc le résultat de ces réflexions que je vais vous proposer, et là encore, je vous invite à participer, donner votre avis, vos tentatives, vos réussites ... pour alimenter le débat et peut être aider un autre cavalier trottisant !



D'où vient le fait que les chevaux embarquent ? Qu'est ce que finalement de se faire embarquer ?

Pour un cheval évoluant en groupe, embarquer son cavalier peut venir d'un sentiment de joie, pour faire la course avec les autres, le cavalier perdant alors le contrôle de l'allure et de la direction.

Mais un cheval seul, et c'était souvent dans ce cas que vous cherchiez des conseils, peut aussi embarquer.

Quelle en est la raison ?

Pour ma part, j'opterai pour un manque de dressage au niveau des allures. Le trotteur, manquant de repères à des allures rapides, trouve dans la vitesse un moyen d'équilibre plus facile à trouver : un vélo qui va vite est plus stable que celui va lentement !

Au trot, cela peut être une déformation ou un réflexe lié aux entraînements, qui ressort lorsque le cheval se retrouve dans des grands espaces.
Au galop, je pense que cela rejoint l'idée préalablement citée : il est plus commode d'aller vite que doucement.

Cependant, la conclusion est la même pour le cavalier : il n'est plus maître de sa monture, et cela peut être très dangereux.

Comment régler ce problème ?

Le cheval (n'importe quel cheval), est un animal qui vit d'apprentissages et surtout d'habitudes. Il aime à se conforter dans des règles, qui le mettent dans une position confortable (exemple : je marche droit sur un chemin, sans brouter, mon cavalier pose les rênes longues. J'essaye de brouter, le contact revient).

Pourquoi, avec ce simple principe, ne pas essayer de régler ce souci de vitesse exagérée en instaurant des codes, et des règles avec le cheval ?

Pour moi, la notion essentielle à inculquer au trotteur est le respect de la cadence, liée à la régularité de l'allure.

Ce travail se fait donc préalablement en carrière, afin de disposer d'un cadre plus sécuritaire, qui va limiter les embardées de Trottinette !

Rappelons ce qu'est la notion de cadence : il s'agit du rythme d'une allure, sa régularité, et la régularité du poser de chaque membre et donc du respect du nombre de temps de chaque allure.

Un cheval cadencé s'équilibre, rebondit, engage et devient perméable aux aides de son cavalier.



Si le cheval apprend que chaque allure doit être cadencée, équilibrée, quitte à travailler sur un rythme plutôt lent, il aura tendance à reproduire ce schéma en extérieur.

Le travail peut se faire essentiellement au trot, puis progressivement au galop en carrière.
Ensuite, en extérieur, il faut vouloir oublier le galop dans un premier temps, pour retrouver un trot identique à celui obtenu en carrière, sans débordement.

Ainsi faisant, le cheval comprendra que les mêmes règles s'imposent, et restera à l'écoute. Bien entendu, souvent un trotteur galopant en ballade aura un rythme plus rapide (moins de repère pour s'équilibrer), mais l'objectif est qu'il soit à l'écoute.

Quelques exercices permettent d'obtenir la régularité de la cadence :

- travail sur des barres au sol, en ligne droite, au pas et au trot, qui vont permettre l'équilibre longitudinal puis une sensation pour le cavalier qu'il cherchera à reproduire même lorsque les barres au sol sont enlevées
- travail sur des barres au sol en cercle, et s'amuser à chercher le même nombre de posers des pieds entre chaque barre (plus facile à compter au galop évidemment, mais trop dur pour nos trotteurs dans un premier temps !). On peut aussi penser à varier le diamètre et à rechercher la cadence sur un cercle plus grand ou plus petit.
- de manière plus générale, aider le cheval à décomposer les mouvements qu'il doit réaliser, et cela peut passer par un début de travail sur plusieurs pistes : demander au cheval de sortir les hanches de la piste, de marcher lentement quelques foulées ainsi, puis de remettre les épaules devant les hanches. On peut aussi complexifier, en sortant les épaules, ou en jouant sur le pli : l'idée est que le cheval prenne son temps pour poser ses pieds, habitude qu'il conservera par la suite, et qui va aider dans les respect d'une cadence mesurée.

En selle, et trotteusement,



dimanche 6 octobre 2013

La longe ... sans tourner en rond !

Vaste sujet que celui-ci, souvent controversé (usure des jarrets), pourtant plébiscité, et seul exercice de travail à pied pour la plupart des cavaliers (à mon grand dam !).

Longer un cheval est un exercice qui ne s'improvise pas, et qui demande un peu de pratique et de réflexion afin d'arriver aux objectifs qui sont ceux du longeur ... Car une longe peut-être exercée de 10 000 manières différentes, selon le cheval, selon la place que tient la longe dans l'esprit du longeur (défouloir du cheval, réel exercice, manque de temps ...), et selon le plan de travail qu'il se fixe au préalable.

Car oui, une longe se prépare, tout comme une séance en carrière. Il faut avoir un objectif final, et pour cela, préparer une multitude de petits exercices rapides (et j'insiste sur ce point), qui vont permettre d'y arriver.

Bien utilisée, la longe est un réel outil qui peut permettre des progrès considérables, notamment en terme de musculature.



Pour cela, il faut accepter de passer par un enrênement, qui, bien réglé et utilisé à bon escient, fait travailler le cheval dans le bon sens pendant un court laps de temps.

Pour moi, une longe enrênée n'excède pas une vingtaine de minutes (soit 10 à chaque main), avec un temps de détente sans enrênement avant (entre 5 à 10 minutes selon le cheval), et après (un peu plus court, histoire que le cheval puisse s'étendre s'il en a besoin).

Au delà, je considère que les chevaux n'arrivent plus à se concentrer (car mine de rien, malgré la variété des exercices ... ils tournent en rond), et qu'il y a plus de risque de rester sur une note négative (défense, perte de motivation, etc.).

Passons maintenant sur la question du galop, très épineuse, comme toujours avec les trotteurs. Certains y voient une solution miracle pour apprendre à son cheval à galoper avec l'aide de la voix, moi je reste sceptique.

En effet, le diamètre d'une longe est extrêmement réduit même si l'on tient la longe en bout de longe, et il vaut mieux privilégier les premiers galops sur une ligne droite (piste de galop, chemin de forêt, grande carrière) que sur un cercle qui, en plus de l'allure, va perturber le cheval dans son équilibre.

Cela peut entraîner risque de chute, mais cela montre aussi à votre cheval qu'il peut galoper ainsi. Or, monté, on n'admet pas ce galop désordonné et couché qu'il peut faire en longe : pourquoi alors lui montrer, voire pire lui permettre et le féliciter pour quelque chose qu'on ne souhaite pas conserver à terme ?

Evidemment, il faut nuancer au cas par cas, car certains trotteurs galopent très bien en longe, naturellement. Même si ce n'est pas monnaie courante.

Personnellement, et même avec des chevaux qui ne sont pas des trotteurs, je ne suis pas une grande adepte du galop en longe, et je préfère une bonne séance bien construite au pas et au trot.

Parlons maintenant des enrênements à privilégier. Là encore, tout est affaire de cheval, et chacun verra midi à sa porte en fonction du vivant qu'il a en face de lui.
Néanmoins, certains enrênements sont pour moi relativement faciles d'utilisation, simples à régler et surtout bénéfiques pour n'importe quel cheval.

C'est pourquoi je n'aborderai pas ici les rênes coulissantes ou le Pessoa : ils sont compliqués d'utilisation, voire d'un maniement expert, et peuvent être utilisés lorsque le cheval est dressé.

Je préfère parler ici du gogue (tout simplement), et des élastiques (pourquoi chercher plus loin ?).



Le gogue, que tout le monde connaît, présente un énorme avantage : le cavalier se contente de le régler ... et c'est le cheval qui fait le reste, sans action sur la bouche !

Le longeur n'a qu'une mission : faire en sorte de conserver l'impulsion, et donc l'engagement des postérieurs, afin que l'enrênement agisse.

Ce faisant, le cheval engage, travaille son dos de façon souple, et vient tendre sa ligne du dessus sous l'incitation du gogue. Il se muscle à son rythme, sans que nous ayons à intervenir outre mesure.
Pourquoi s'en priver ?
En outre, nous pouvons modifier les règlages au cours de la séance pour ajuster en fonction des réactions du cheval, et obtenir un travail plus ou moins fermé dans l'angle tête/encolure.

Concernant les élastiques maintenant, ils sont à double tranchant. Certes, il permette au cheval de descendre sa tête, et donc de travailler son dos tête en bas, mais ils peuvent aussi apprendre au cheval à rester figé dans une attitude.
En effet, lorsque le cheval a trouvé comment détendre les élastiques, il peut avoir tendance (notamment pour les chevaux un peu raides) à rester dans cette position sans trop "en bouger" ... et donc ne travaille pas autant.

Personnellement, je ne conseille pas les élastiques utilisés de la manière suivante : reliés de la bouche et attachés à la sangle. Pour le même résultat, je préfère le gogue.

Je choisis de travailler avec des élastiques en vue d'un objectif : que le cheval apprenne à travailler en place, en utilisant son dos ... sans avoir de point fixe (qui monté se traduit par la main du cavalier). Cela peut beaucoup aider pour les chevaux qui ont tendance à s'appuyer beaucoup sur le mors.

Dans ce cadre d'enrênement, ils sont obligés de travailler dans leur dos (là encore, le longeur se doit de veiller à l'activité venant des postérieurs), tout en s'équilibrant d'eux mêmes, et en trouvant une solution qui n'est pas extérieure.

Les élastiques de cette façon se montrent très positifs. Ils ne doivent cependant pas être trop tendus (on ne veut pas saucissonner le cheval mais lui indiquer une sensation de confort/inconfort), et ne doivent pas être attachés trop haut sur le surfaix.



Les anneaux du milieu me paraissent plus indiqués, afin d'obtenir un placer correct sans demander au garrot de travailler trop fort.
Une position basse peut aussi être envisagée, mais attention alors à ne pas se tromper d'objectif de séance : si l'on veut qu'il apprenne à s'équilibrer tout seul, mieux vaut ne pas l'encourager à avoir un place de tête bas !

Enfin, et pour finir sur les enrênements, je travaille avec une troisième sorte d'élastique, dit éducatif.


Très facile à utiliser, peu connu, ses bienfaits sont considérables, surtout pour les jeunes chevaux, et il a le mérite de travailler en douceur.

Cet élastique agit à mi-chemin entre le vogue et les élastiques. Il passe sur la têtière, puis dans les anneaux du mors, et vient s'attacher à la sangle.

Il agit donc comme un gogue dans le mécanisme, mais en étant élastique, et donc en permettant plus de liberté au jeune cheval ... ou au cheval très raide.

Cela peut être un bon outil dans les premières séances de cheval, pour muscler gentiment, sans contraindre trop fort, et avant de passer à plus exigeant, il permet que le cheval comprenne ce que l'on souhaite obtenir de lui.

Très méconnu, il est en vente dans les bonnes selleries, à un prix défiant toute concurrence : de 6 à 10 euros ... !

Je n'ai pas parlé de l'attache de longe, et pourtant il me paraît intéressant de faire un point.
En colbert, en gourmette, directe, chacun voit l'attache qu'il veut selon son cheval et son comportement en longe, je n'entre pas ici dans le débat.


Mais il peut parfois être intéressant de travailler son cheval avec la longe qui passe dans l'anneau du mors, et qui vient se fixer sur un anneau du surfaix : c'est le principe de la "longe inversée".
Ce faisant, on incite le cheval à s'incurver (il faut être très doux dans la main), et on travaille plus l'incurvation. On incite également à déplacer les hanches à l'extérieur du cercle.
L'inconvénient étant qu'on ne contrôle pas l'épaule extérieure en longe, et que le cheval peut fuir l'exercice en dérapant à l'extérieur.

Passons maintenant aux exercices proprement dits. Quelle palette avons-nous ?
Je vais ici faire une liste non exhaustive, avec le travail que cela permet au cheval :

- transitions rapprochées (arrêt, pas, trot) : dynamisme, écoute, équilibre longitudinal
- transitions intra-allures (au trot surtout) : équilibre longitudinal
- ligne droite : permet de vérifier la rectitude de son cheval, fait varier moralement le travail, réveil l'intérêt pour le longeur
- réduction/agrandissement des cercles : équilibre du cheval, travail d'engagement (demande plus forte sur le postérieur interne lors du rétrécissement des cercles), travail de l'épaule extérieure lors des agrandissements,
- travail sur des barres au sol : équilibre longitudinal, apprend à décomposer le mouvement, quelque soit l'allure du trot, reporte du poids naturellement sur les postérieurs.
Le mieux concernant les barres au sol est d'en disposer trois ou quatre en V, afin d'avoir trois passages différents : sur un trot plus rassemblé, au trot de travail naturel du cheval, et à un trot plus soutenu.

Les exercices en longe ne sont pas très variés, même si l'on veut être imaginatif : mais le maitre mot est SOUVENT, et PEU.

Demander peu de fois un exercice, mais souvent, et changer en régulièrement.

Même règle pour les séances de longe : courtes, mais régulières.

Vous constaterez bien vite que votre cheval gagne en musculature, en aisance avec son corps, et en équilibre, avec un travail serein qui limite le stress, et vous permet également de le voir évoluer.

Car l'un des intérêts de la longe reste que vous avez votre cheval sous le yeux : apprenez à le voir, et pas seulement à le regarder !

Le travail à la longe pourra être le prélude à un autre type de travail à pied, méconnu et très peu utilisé, qu'est le travail aux longues rênes. Mais chaque chose en son temps !

Trotteusement,

jeudi 3 octobre 2013

Parlons-en !

Vous êtes de plus en plus nombreux à lire ce blog, et ses articles, et à me contacter via Facebook (messagerie personnelle ou groupes divers).

Pour que la communication soit plus facile, et qu'elle rassemble sur une même page tous les aficionados de Trottinette, j'ai créé une page Facebook, qui sera le relais de publication des nouveaux articles afin que vous en soyez avertis, mais qui servira surtout aux échanges.

Vous pourrez aussi en profiter pour y poster témoignages, photos, idées d'exercices ... ou demandes de conseils !

Cliquez, likez :



En espérant que ce soit la naissance d'une grande ... écurie,

Trotteusement,



mercredi 2 octobre 2013

Au galop ! Mais ... où sont les boutons ?!

Il est temps maintenant de concrétiser un peu les différents éléments que l'on a pu mettre en place.

Il est en effet bien beau de théoriser sur le galop et la difficulté des trotteurs à apprendre cette allure, mais finalement, je ne vous ai pas appris grand chose de nouveau !

La réflexion que je vais avoir maintenant est purement personnelle, et je ne souhaite pas du tout l'imposer comme la seule "méthode" pour travailler un trotteur, mais c'est ce qui me semble le plus indiqué.

Nous partons tous du constat que oui, le galop, et son apprentissage, restent difficiles.
Source de stress, à la fois psychologique, car associé à un interdit, source de stress, car une fois appris, les trotteurs "chauffent" (plaisir de galoper ? peur de la réprimande ?), et source de stress physique, car qui demande un fonctionnement anatomique aux antipodes de ce qui leur a été appris.

Passons rapidement sur l'apprentissage du galop, et partons du fait que Trottinette galope (promis, je reviendrai ultérieurement sur cet apprentissage, avec exercices et analyse).
De deux temps, nous passons théoriquement à trois, nous sommes souriants et victorieux, nous connaissons cette phase de projection qui donne tant de sensations, mais ...

Oui, il y a un mais. Ce galop dont nous avons tant rêvé ...
- il est le plus souvent fuyant, et tout sauf cadencé
- il est répandu ...
- ... quand il n'est pas à quatre temps
- il peut être aussi défectueux : désuni (plus rare chez le trotteur) ...
- ou pire : apparition de l'aubin (le cheval trotte des antérieurs et galope des postérieurs, nommé aubin du derrière, ou inversement, qui est nommé aubin du devant).

Dans tous les cas, ce n'est pas ce que nous recherchions, et les anti-trotteurs qui sont accoudés au bord de la carrière montrent leurs dents dans un grand sourire faussement sympathique : c'est déjà pas mal ... pour un trotteur.

Non, ce n'est pas "pas mal" !

Et si, pour essayer de remédier à ce constat, obtenu pourtant par de la sueur et du travail (et bien de l'imagination de la part du cavalier, il faut le dire), le propriétaire de trotteur acceptait de ... ne pas essayer de le faire galoper, du moins pas tout de suite.



Je m'explique.

Nous avons vu que le galop n'était pas naturel pour nos chevaux, surtout car ils ne savent pas utiliser leur corps, et soumettre leurs forces naturelles, pour obtenir les exigences physiques demandées par l'allure du galop.

Dans ce cas, pourquoi ne pas, tout simplement, et en premier lieu, apprendre au trotteur à se réconcilier avec toutes les parties de son corps ... sans lui encombrer la tête et l'esprit avec le galop ? Qui inclut implicitement apprentissage corporel et apprentissage de nouvelles aides, totalement étrangères ?

Personnellement (et je surligne ce mot), j'opterai pour un dressage du trotteur ... au trot (et au pas, of course (de trot ahah):

- apprendre à utiliser son dos, à des allures qui ne lui sont pas difficiles
- apprendre à mobiliser son encolure
- apprendre à utiliser ses postérieurs sous la masse ... (engagement)
- ... ce qui a pour conséquence l'apprentissage du travail latéral
- ... et l'apprentissage de l'équilibre sur les postérieurs, qui est aussi inconnu (lié à la fixité de la tête et de l'encolure, dans un équilibre horizontal) ?

Et une fois ces choses acquises au pas et au trot, nous obtenons un cheval qui connait les aides du cavalier classique, qui est habitué à apprendre de nouvelles choses, sans que cela le stresse, qui est musclé dans son corps de façon à pouvoir supporter les mouvements du galop, et qui a compris comment utiliser certaines parties pour pouvoir gérer son corps autrement.

Le galop deviendrait-il ainsi plus simple, moins monstrueux, tant pour le cavalier que sa monture ?
Plus fluide, moins hors de portée ?

Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : le galop ne sera pas pour autant dès le début harmonieux, parfaitement équilibré, ramassé sur les postérieurs et bien décomposé.

Mais le cheval aura des bases de dressage qui lui permettront sans doute d'évoluer plus vite au galop.

Rappelons aussi, au passage, et au risque de vexer des propriétaires de trotteurs : ce ne sont pas des chevaux pour débutants, mais pour cavaliers confirmés, et leur dressage n'est pas un tour de passe-passe (malgré leur gentillesse et leur bonne volonté), mais bien un réel exercice pour des cavaliers qui sont "dans leurs aides", à leur place, et connaisseurs de l'évolution d'un cheval.

Je vous laisse maintenant la parole : avis sur ce qui a été dit, expérience, tout est permis !

Les prochains articles seront consacrés au début du travail, et, selon mon avis, je n'aborderai pas tout de suite les exercices de galop, mais bien ceux "de base", au pas, au trot, et ... à pied !

Trotteusement,




Etude du galop : le trotteur est-il un galopeur comme les autres ?

Il paraît utile de se pencher sur la question du galop pour terminer notre rapide étude biomécanique des allures du cheval.

En effet, allure naturelle par excelle, allure de fuite et réflexe équin, le galop est pourtant chose interdite aux trotteurs. D'où notre grand désarroi lorsque Trottinette arrive dans le manège : mais comment fait-on ?

Ces interrogations, lorsque l'y réfléchit, pousse à nous demander si le galop est, par nature, une allure éloignée de la morphologie du trotteur, ou si c'est l'entrainement qu'ils suivent dès leur plus jeune âge, qui pousse les trotteurs dans un retranchement, loin de l'inné locomoteur ?

Au galop, les parties du corps qui sont le plus sollicitées sont les postérieurs, qui viennent s'engager, l'axe de la colonne thoraco-lombaire, qui s'étend et se raccourcit selon les phases du galop (à l'image d'un ressort), l'encolure, sous le poids du balancier.

On le voit ici sur le schéma (bien connu des cavaliers !), l'encolure est plus ou moins basse, et le dos plus ou moins long (court sur la phase de propulsion, où le diagonal est en appui, et plus long sur la dernière phase avant la projection) :


Les membres postérieurs ont un rôle essentiel puisqu'ils sont les éléments propulseurs. Ils agissent simultanément avec l'extension thoraco-lombaire (phénomène du dos qui "s'allonge"), et à l'inverse, ils viennent s'engager sous la masse (protraction, intervenant lors du poser du diagonal) en même temps que la flexion thoraco-lombaire (dos qui se "raccourcit"). 

C'est ce dernier constat qui nous intéresse particulièrement, puisque nous avons dit dans le précédent article que les trotteurs, par l'entraînement, sont plus facilement dans la propulsion des postérieurs que vers leur protraction (engagement vers l'avant). 

C'est donc cette partie du galop qui est compliqué pour nos trotteurs (il s'agit ici de mon cheval, il y a un  an et demi, qui est arrivé à un niveau de galop plus que satisfaisant .. et pourtant, on a l'impression que son postérieur gauche, au lieu de s'avancer sous la masse, reste "happé" vers l'arrière, poussant plus qu'il ne soutient) :



Alors qu'on aimerait tendre vers ceci (on voit que le postérieur gauche cherche à se rapprocher du centre de gravité situé sous la masse) :




Est-ce ce point qui complique considérablement l'apprentissage du galop pour les trotteurs ayant connu les courses ?

Biomécaniquement, l'explication se tient, surtout quand on sait qu'un trotteur n'utilise pas véritablement son dos, et est relativement rigide, et peu habituée à ce mouvement de flexion-extension (tendance à garder la tête au même niveau, surtout dans les premiers galops).

Dans ce cas, le trotteur est un cheval comme les autres ... jusqu'à que ce qu'il foule les pistes, pour son métier premier.
Evidemment, il ne faut pas omettre non plus le travail de sélection génétique, qui conduit les poulains trotteurs à être physiquement disponibles pour l'extension des allures au trot.

Avis alors aux propriétaires de trotteurs qui n'ont presque pas été entraînés : qu'en était-il de l'apprentissage du galop ? Cela fut-il naturel, ou tout du moins dénué de complications liées à la locomotion ?

Je suis à votre écoute pour vos témoignages !

En conclusion, Trottinette a du mal à galoper car les habitudes qu'on lui a données sont en contradiction avec l'inné locomoteur du galop. Il faut donc apprendre à Trottinette à utiliser ses pieds dans le bon ordre ... et dans le bon sens, tout en ayant comme objectif premier d'enlever tout stress, puisque, comme chacun sait, Trottinette a très bien compris que le galop était interdit ... et en conséquent, en cheval bien appliqué, fera tout pour l'éviter.

Le prochain article permettra de continuer la réflexion sur le galop, en termes de réalités, de problèmes, et d'objectifs.

Trotteusement,