mercredi 2 octobre 2013

Etude du galop : le trotteur est-il un galopeur comme les autres ?

Il paraît utile de se pencher sur la question du galop pour terminer notre rapide étude biomécanique des allures du cheval.

En effet, allure naturelle par excelle, allure de fuite et réflexe équin, le galop est pourtant chose interdite aux trotteurs. D'où notre grand désarroi lorsque Trottinette arrive dans le manège : mais comment fait-on ?

Ces interrogations, lorsque l'y réfléchit, pousse à nous demander si le galop est, par nature, une allure éloignée de la morphologie du trotteur, ou si c'est l'entrainement qu'ils suivent dès leur plus jeune âge, qui pousse les trotteurs dans un retranchement, loin de l'inné locomoteur ?

Au galop, les parties du corps qui sont le plus sollicitées sont les postérieurs, qui viennent s'engager, l'axe de la colonne thoraco-lombaire, qui s'étend et se raccourcit selon les phases du galop (à l'image d'un ressort), l'encolure, sous le poids du balancier.

On le voit ici sur le schéma (bien connu des cavaliers !), l'encolure est plus ou moins basse, et le dos plus ou moins long (court sur la phase de propulsion, où le diagonal est en appui, et plus long sur la dernière phase avant la projection) :


Les membres postérieurs ont un rôle essentiel puisqu'ils sont les éléments propulseurs. Ils agissent simultanément avec l'extension thoraco-lombaire (phénomène du dos qui "s'allonge"), et à l'inverse, ils viennent s'engager sous la masse (protraction, intervenant lors du poser du diagonal) en même temps que la flexion thoraco-lombaire (dos qui se "raccourcit"). 

C'est ce dernier constat qui nous intéresse particulièrement, puisque nous avons dit dans le précédent article que les trotteurs, par l'entraînement, sont plus facilement dans la propulsion des postérieurs que vers leur protraction (engagement vers l'avant). 

C'est donc cette partie du galop qui est compliqué pour nos trotteurs (il s'agit ici de mon cheval, il y a un  an et demi, qui est arrivé à un niveau de galop plus que satisfaisant .. et pourtant, on a l'impression que son postérieur gauche, au lieu de s'avancer sous la masse, reste "happé" vers l'arrière, poussant plus qu'il ne soutient) :



Alors qu'on aimerait tendre vers ceci (on voit que le postérieur gauche cherche à se rapprocher du centre de gravité situé sous la masse) :




Est-ce ce point qui complique considérablement l'apprentissage du galop pour les trotteurs ayant connu les courses ?

Biomécaniquement, l'explication se tient, surtout quand on sait qu'un trotteur n'utilise pas véritablement son dos, et est relativement rigide, et peu habituée à ce mouvement de flexion-extension (tendance à garder la tête au même niveau, surtout dans les premiers galops).

Dans ce cas, le trotteur est un cheval comme les autres ... jusqu'à que ce qu'il foule les pistes, pour son métier premier.
Evidemment, il ne faut pas omettre non plus le travail de sélection génétique, qui conduit les poulains trotteurs à être physiquement disponibles pour l'extension des allures au trot.

Avis alors aux propriétaires de trotteurs qui n'ont presque pas été entraînés : qu'en était-il de l'apprentissage du galop ? Cela fut-il naturel, ou tout du moins dénué de complications liées à la locomotion ?

Je suis à votre écoute pour vos témoignages !

En conclusion, Trottinette a du mal à galoper car les habitudes qu'on lui a données sont en contradiction avec l'inné locomoteur du galop. Il faut donc apprendre à Trottinette à utiliser ses pieds dans le bon ordre ... et dans le bon sens, tout en ayant comme objectif premier d'enlever tout stress, puisque, comme chacun sait, Trottinette a très bien compris que le galop était interdit ... et en conséquent, en cheval bien appliqué, fera tout pour l'éviter.

Le prochain article permettra de continuer la réflexion sur le galop, en termes de réalités, de problèmes, et d'objectifs.

Trotteusement,


10 commentaires:

  1. Une de mes amie a eu un poulain trotteur par accident...Née de sa jument trotteuse et d'un étalon trotteur qui s'était échappé d'un pré. Il n'a donc jamais fait d'entrainement et a été débourré classique à l'âge de 3 ans. Et pourtant le galop a toujours été une allure difficile pour lui. Il ne le rassemble pas, même en liberté. C'est le trot son allure évidente même pour exprimer joie et fuite.
    Je pense que la sélection génétique aujourd'hui a créé un véritable trotteur naturel qui n'aura jamais le galop du moins bon cheval de selle. Mais on peut tout de même l'améliorer pour au moins le cadencer et le redresser. Et selon les individus ça peut aussi être + ou moins facile. De la même façon qu'il y a de très bons trotteurs d'obstacles et d'autres moins bons.

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    1. Super intéressant, je me demandais justement jusqu'à quel point la génétique influençait la locomotion de nos trotteurs.
      Il faut alors nuancer mon propos (mais je n'en doutais pas) : entrainement et génétique nous donnent du fil à retordre !

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  2. Oh que oui ! Je sais aussi que ma juju s'exprime + facilement au trot quand elle fait la folle au pré et quand elle monte en pression. Même si elle aime bien galoper, elle est toujours un peu moins à l'aise qu'au trot. Et puis ils peuvent gagner des points grâce à leur trot et leur générosité. On parle souvent de la petite foulée de trot qui sauve une barre quand ça vient mal^^ J'en ai encore entendu parler il y a peu de temps et sur des grosses épreuves.

    Il y a un truc que je remarque aussi dans le galop du trotteur, le problème c'est qu'il ne monte pas le garrot, on a toujours l'impression qu'ils vont vers le bas ou à l'horizontal. Après c'est peut être + ou moins visible selon le cheval. Mais y aurait-il quelque chose dans leur physique qui rendrait la chose difficile ?

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    1. Cet équilibre horizontal, avec un garrot qui ne se remonte pas (et qui donc n'absorbe pas les ondulations de la colonne vertébrale normales à cette allure), est peut-être du au fait qu'au trot, à l'entrainement, les trotteurs horizontalisent l'allure et fixe leur tête, ne se servant alors de leur dos que comme un stabilisateur ... Habitude qu'ils conservent par la suite ? Hypothèse, mais d'où l'importance d'un travail porté sur l'utilisation du dos, ainsi que sa mobilité.

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  3. Le trotteur dont je m'occupe n'a fait que les entraînements. J'ai entrepris sa "rééduc' " seule puisque son proprio débutant ne sortait qu'en extérieur et le "poussait" pour qu'il galope. Du coup, je lui ai appris à la voix, en longe d'abord puis depuis un an, on essaye de continuer dans cette optique, en selle, mais pas facile avec sa tête de caboche ! ^^

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    1. Il est vrai que la transition "je comprends que je peux galop"/"Je pars au galop comme je peux"/"je comprends les aides et part au galop sur demande plus fine du cavalier" est une problématique récurrente !
      La voix peut être une grande aide.

      Je reviendrai sur la longe dans un prochain article, c'est prévu !

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  4. Ma jument de 4 ans, qui a fait les entrainement, ne sais pas trotter, en revanche elle tien un tout petit galop, elle n'allonge pas encore le trot, elle tombe directement dans le galop. Quand je les eu elle ne voulais pas galopé, quand elle a compris qu'elle avait le droit, elle ne trotter plus. Quand elle se défoule elle galop, si je la laisse choisir son allure en ballade c'est le galop. Et pour pourtant c'est bien une trotteuse.

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    1. Parfois les trotteurs, lorsqu'ils comprennent qu'ils peuvent galoper, se trouvent plus de facilité dans cette allure, et sont aussi contents de pouvoir le faire !

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  5. Bonjour, je vais surement prendre une jument trotteuse en demi pension mais j'ai un souci au galop elle est complètement désuni

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  6. Ah le galop ; une allure pas bien simple pour nos amis trotteurs et pourtant avec du travail ; cela est possible !
    Personnellement, je me souviens comme si c'était hier des débuts de Turquant. La longe nous a pas mal aide pour qu'il s'exprime lorsque qu'il a compris le galop (l'écurie où je l'ai acheté lui avait déjà pas mal appris ^^). Mais j'avoue qu'en selle, on a eu du mal à se coordonner au début ^^ La patience revient encore sur ce sujet car il en faut ! Maintenant, Turquant galope et viens même céder dans sa bouche. Il est encore un peu lourd par moment surtout dans les virages mais on progresse !

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